Dans l'antre de la peur, je plonge corps et âme;
Au fond de ces abîmes, mon esprit se pâme
Enivré par les miasmes fiévreux de la mort,
Indolent, il attend l'heure de son triste sort.
Mon âme affligée par les relents méphitiques
Sent au fond d'elle la vacuité s'enlacer:
Condamnée à errer parmi les narcotiques,
Elle rêve encore de senteurs opiacées.
Moi seul je reste affreux! Hélas, rien n'est immonde.
Moi seul, je suis la honte et la tache du monde.
Ma laideur, vague effroi des astres soucieux,
Perce à travers ma nuit et va salir les cieux.
Je ne vois rien, étant maudit; mais dans l'espace
J'entends, j'entends dans l'eau qui fuit, dans l'air qui passe,
J'entends dans l'univers ce murmure : va-t'en!
Le porc dit au fumier : je méprise Satan.
Je sens la nuit penser que je la déshonore.
Le tourbillonnement du grand souffle sonore,
Le vent du matin, libre et lâché dans le ciel,
Evite mon front morne et pestilentiel.